L’importance des collections particulières au XIXe siècle, notamment, les œuvres d’époques, allant du Moyen âge à la Renaissance, avec pour conséquence leur imitation par la grande industrie. De nos jours, ces « pastiches » sont répartis dans deux types de collections : les collections particulières et les collections publiques. Cependant, des liens existent entre ces deux appellations. Certes elles peuvent paraître différentes, mais c’est grâce à la première que la seconde existe, ce que nous verrons dans cette étude. Afin de mieux cerner l’enjeu de ce sujet, il est nécessaire en premier lieu de donner une définition littérale de nos deux collections et d’en dresser un bref historique, en s’appuyant notamment, sur un article intéressant de Pomian Krzysttof, Philosophe et Historien d’origine franco-polonaise. Enfin, nous citerons quelques exemples de collections privées et publiques.
Différence entre collection privée et collection publique
Dans le cadre de l’art, une collection particulière est un bien privé, c’est une personne physique qui réunit, rassemble, regroupe des objets d’art, pour son propre compte. Ces objets forment ainsi une collection.
La collection publique est l’ensemble des biens culturels comme étant la propriété d’une entité publique d’un pays et affectés à l’usage public. Ces biens sont, à cette fin, protégés, conservés et rendus accessibles, que ce soit dans les musées nationaux relevant de l’Etat ou dans les musées privés, les associations constituées sous la loi 1901, reconnus d’utilité publique. Les collections sont alors inaliénables, imprescriptibles et insaisissables. L’accumulation de ces collections est le fruit de legs post-mortem, de donations et enfin d’acquisitions.
Trésors sacrés et profanes
Le premier type de collection connu de l’Occident médiéval dès le VIe siècle, mais qui prolonge des traditions bien plus anciennes, c’est le trésor sous ses deux espèces : ecclésiastique et princière, sacré et profane. L’un y expose des reliques dans un reliquaire par exemple, le second des objets en or, en argent, des pierres précieuses, des ivoires, des étoffes de soie, des broderies tissées d’or. Il sert à rendre visible sa puissance et sa richesse. Tout cela est le fruit, des échanges avec Byzance et les périodes qui voient une intensification de l’intérêt pour les vestiges de l’Antiquité : le temps de Charlemagne, l’époque ottonienne, le XIIe siècle.
Mais le vrai tournant de l’histoire des trésors a pour cause la prise par les Croisés de Constantinople. Parmi les objets qui affluent en masse en Occident dans les années et les décennies qui suivent, se trouvent en effet, à côté de très nombreuses reliques, diverses antiquités dont certaines sont très spectaculaires. Or, elles arrivent à l’époque où l’intérêt pour l’Antiquité est en train de s’intensifier en Italie,
notamment, à la cour de l’empereur Frédéric II et chez les lettrés des villes de la Vénétie. C’est précisément le milieu des peintres qui s’intéressera aux monnaies romaines avec leurs portraits d’empereurs, sans compter aussi le milieu des joailliers et d’autres personnes qui faisaient commerce d’objets précieux, que semblent s’être formé les premières collections particulières. Nous pouvons citer l’exemple de d’Oliviero Forzetta (1300-1373) riche notaire à Trévise, qui réunira durant plus de trente ans l’une des premières collections modernes : des bronzes, des marbres, des monnaies anciennes, des dessins et des sculptures.
Le développement des collections particulières
Les collections particulières se développeront à plus grande échelle, dès le XVesiècle, à Venise, à Florence, et dans le restant de l’Europe, avec un nombre important de collectionneurs issus essentiellement de la haute société dont : les notables, les cours princières, les ecclésiastiques (Paul II dit Pietro Barbo, les Médicis, Nicolo Nicoli) et enfin la royauté.
Hormis les objets précieux antiques, nous trouvons parallèlement au XVe siècle les tableaux, comme objets de collection par excellence. Au même moment le monde botanique fait son entrée dans les collections, avec les plantes qu’on cultive et que l’on représente dans les ouvrages illustrés.
A partir du XVIe siècle ses collections se déploieront selon leur nature dans : la galerie pour les tableaux et les statues (l’ancêtre du musée), le studiolo ou le cabinet pour les petits objets, produits de l’art ou de la nature, et le jardin avec ses fabriques pour les plantes vives et pour certaines œuvres d’art ancien ou moderne (fig. 63). Dès le XVIIIe siècle, on commence à mettre en ordre les collections, conformément aux nouveaux critères d’utilité et de clarté, mais aussi de sorte qu’elles soient capables d’englober les nouveaux objets qui arrivent des pays lointains, des Amériques, de la Chine. C’est le siècle où l’on commence à réfléchir, en faisant appel à la science, pour tenter d’introduire des critères spatiaux et temporels à travers le classement des objets.
Le développement des Musées
Après la révolution, les collections royales entreront en 1793 au Louvre du Museum des arts pour y exposer les tableaux et les antiquités ayant appartenu à la Couronne et trois mois plus tard, le public est autorisé à visiter ces somptueux objets d’art ayant été confisqués. C’est à ce moment précis et durant tout le long du XIXe siècle, que les collections des musées seront pour la plupart issues de legs, de donations, et d’acquisitions de la part de collectionneurs privés. Ainsi, on trouve au Louvre : les acquisitions en 1808 issues de la collection Borghèse, en 1817, une donation de la collection Choiseul-Gouffier, des legs Révoil en 1828, des legs Sauvageot en 1856, une donation Arconati-Visconti en 1916 – aux Arts Décoratifs : des legs Peyre en 1905, des legs Marguerite Fourdinois en 1926, au nom de son mari, etc.
En outre, nous assistons à la création de musées spécialisés un peu partout en France, comme c’est le cas de Cluny à Paris en 1844, érigé sous l’impulsion d’Alexandre Du Sommerard, création à Lyon en 1864 du Musée des tissus et des arts décoratifs, etc. Nous aurons ainsi dans nos musées, toute une panoplie d’œuvres confondues, allant de l’Antiquité jusqu’à la création Contemporaine du XIXe siècle, à l’exemple du mobilier néo-Renaissance. Néanmoins, les collections particulières continueront de se multiplier et tendront à se diversifier de plus en plus, jusqu’à nos jours. Toujours est-il que seules l’aristocratie, les élites et la bourgeoisie jouissent de ce pouvoir de collection. Cependant, les œuvres conçues à cette époque, feront le bonheur des dirigeants des pays « européens » qui s’adonneront à diverses acquisitions provenant des Expositions universelles (exemple en 1851 Cristal Palace), afin de meubler leur Palais. Le style français était de mode et les commandes afflueront de partout. C’est l’une des raisons qui explique que de nos jours, les meubles néo-Renaissance français, se retrouvent aujourd’hui dans les collections publiques des musées français et étrangers, mais également chez certains collectionneurs privés (particuliers, Antiquaires..).